Un enjeu majeur pour la mobilité des jeunes

En France, les candidats au permis de conduire font face à une situation préoccupante : la pénurie de places d’examen pour le permis B.

Alors que la loi Macron prévoyait un délai maximal de 45 jours pour repasser le permis de conduire après un premier échec, le délais moyen atteint aujourd’hui trois mois, avec parfois dix mois d’attente dans certaines régions.

Pour les jeunes, ces délais ont des conséquences concrètes sur leur accès à l’emploi, et à la mobilité.

Face à cette urgence nationale, ECF se mobilise afin d’alerter, d’expliquer et de proposer des solutions durables au service de la sécurité et de la réussite des candidats.

Pourquoi une telle pénurie ?

Des retard structurels après la crise sanitaire

Depuis la pandémie du COVID-19 en 2020, les sessions d’examen n’ont jamais retrouvé un rythme suffisant. Le retard accumulé n’a pas été rattrapé, créant un engorgement qui s’est accentué au fil des années.

Un manque chronique d’examinateurs

Le nombre d’inspecteurs du permis de conduire reste insuffisant. Les politiques de non-remplacement dans la fonction publique limitent la capacité d’évaluation, malgré une démographie croissante, prévue jusqu’en 2030.

L’impact du permis à 17 ans

L’abaissement de l’âge pour passer le permis et conduire à 17 ans, saluée pour favoriser l’autonomie, la mobilité et l’employabilité des jeunes, a mécaniquement augmenté le nombre de candidats sans que les moyens humains soient revus à la hausse.

Une période politique instable

Les incertitudes politiques actuelle freinent les décisions de réforme structurelle. L’État se limite à la gestion des affaires courantes, sans vision de long terme.

Une personne sur deux échoue à la première présentation à l’examen

Chaque année, près de 1,8 millions de candidats se présentent à l’épreuve pratique du permis de conduire, mais seulement 57 % le réussissent dès la première présentation. Concrètement, une personne sur deux échoue lors de sa première tentative, ce qui allonge encore les délais de passage.

A cette réalité s’ajoute une difficulté réglementaire : tout candidat ayant atteint le minimum légal de 20 heures de formation peut demander à être inscrit à l’examen, même si son formateur estime qu’il n’est pas encore prêt. Ce dispositif conçu pour garantir l’égalité d’accès, se révèle dans la pratique contre-productif : il favorise la présentation trop précoce d’élèves insuffisamment préparés. Résultat : des échecs plus nombreux, une rotation des places ralentie, et un système encore plus congestionné, où chaque épreuve manquée retarde celle d’un autre candidat.

Pour rappel, en France, la moyenne nationale d’heures de conduite en formation traditionnelle pour réussir son permis de conduire, est de 35 heures. 

Les conséquences pour les candidats

Les délais excessifs provoquent du stress, une baisse du taux de réussite et une perte de motivation.

  • Le coût de formation augmente car les élèves doivent reprendre des heures de conduite supplémentaires pour ne pas perdre leur niveau. Ceux qui ne peuvent pas financer ces heures additionnelles choisissent malgré tout de se présenter à l’épreuve en ayant perdu de l’expérience durant l’attente d’une place d’examen. Le risque d’échec augmente et à chaque nouvelle tentative, une place d’examen supplémentaire est mobilisée. Les délais se prolongent et le système s’enraye dans un cercle vicieux.
  • Certains jeunes se voient refuser des opportunités professionnelles : un emploi sur deux leur est refusé faute de permis de conduire. La mobilité est une condition de l’égalité des chances : elle permet d’accéder à un emploi, une formation, à des soins, à une vie sociale.

ECF : un acteur engagé sur le terrain

Depuis plusieurs semaines, ECF organise et participe à des mobilisations hebdomadaires pour alerter les pouvoirs publics. Ces actions rassemblent les professionnels de l’enseignement de la conduite autour d’un message commun : il faut rendre le système plus fluide et plus équitable.

Cette mobilisation vise à redonner de la visibilité à une profession en première ligne et défendre le droit de chaque jeune à un accès rapide, juste et efficace à l’examen de la conduite.

ECF tient à remercier les médias et partenaires qui soutiennent cette démarche au service de tous les futurs conducteurs.

Les revendications portées par la profession

ECF s’est mobilisé depuis le début des manifestations aux côtés de l’Intersyndicale qui demande :

  • Le recrutement de 150 inspecteurs et 20 délégués au permis de conduire supplémentaires, afin de résorber durablement les délais d’attente
  • De porter la formation minimale obligatoire de 20 heures à 28 heures de conduite

Les propositions d’ECF pour sortir de la crise

ECF met en avant des solutions réalistes et durables pour fluidifier le système et renforcer la qualité de l’apprentissage des futurs conducteurs.

Généraliser et abaisser l’âge d’accès à la conduite accompagnée

Rendre possible la conduite accompagnée dès 14 ans permettrait de commencer l’apprentissage plus tôt, de développer l’autonomie progressivement et d’améliorer le taux de réussite. La conduite accompagnée est la filière d’apprentissage la plus performante :

  • 75 % de réussite à l’examen dès la première présentation (contre 57 % en filière classique)
  • Trois fois moins d’accidents chez les jeunes conducteurs
  • Un coût de formation nettement réduit : 5 à 7 heures de conduite en moins, soit environ 300 € d’économie pour les candidats
  • Elle permet aussi de conserver et enrichir son expérience de conduite en attendant une place à l’examen, évitant ainsi une perte de pratique et un stress accru avant l’épreuve finale

Créer une nouvelle forme de conduite accompagnée

Pour les jeunes éloignés de leurs familles ou les candidats plus âgés, ECF propose de créer un réseau d’accompagnateurs agréés. Cette nouvelle modalité de conduite accompagnée garantirait une égalité d’accès pour tous les apprenants.

Mettre en place un test de fin de formation obligatoire

Un examen de fin de formation, qui pourrait être réalisé sur simulateur, pourrait valider la préparation de l’élève avant l’examen officiel. L’objectif étant de réserver les places d’examens aux candidats réellement prêts.

Une approche durable et responsable

La mission d’ECF dépasse la simple obtention du permis : il s’agit d’éduquer à la mobilité citoyenne et durable.

L’idée d’un apprentissage progressif dès le plus jeune âge prépare les générations futures à une gestion partagée de la route, où sécurité, respect et écologie cohabitent.

Chaque initiative d’ECF s’inscrit dans cette vision :

  • Former des conducteurs confiants et responsables
  • Faciliter l’accès à la mobilité pour tous
  • Moderniser la formation grâce à l’innovation pédagogique et numérique

Un engagement collectif pour l’avenir

ECF appelle les institutions et partenaires à se joindre à cette réflexion commune.

La pénurie de places n’est pas une fatalité : c’est un défi collectif à relever, au croisement de l’éducation, de l’emploi et de la sécurité routière.

Publiée le 24 octobre 2025

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